ça sert à quoi

Ça sert à quoi la vie si c’est pour rien n’en faire
pourquoi t’es sorti petit du ventre de ta mère
t’es là assis sur ton tapis, même pas pour la prière
avachi sur ton lit, les yeux vides, c’est la misère
même pas pris par la maladie et pourtant tu galères
avec toi de moins en moins d’amis, réagis mon frère
quand l’amour est parti, il ne reste que la colère
la solitude te ravit, mais tu cultives un grand désert
les masses, la foule, la folie, tu les laisses derrière
si tu as besoin souvent de repli ne deviens pas amer
n’oublie pas que la vie n’est pas une cage de fer
où tu captures tes envies pour mieux tout foutre en l’air


Ça sert à quoi la vie si c’est pour rien n’en faire
pourquoi t’as pas suivi les pas de ton père
au loin tu es parti pour découvrir la Terre
et te voilà aujourd’hui, dans tes mains que de l’air
le temps s’est enfui et toi tu regardes derrière
pourtant la mélancolie ne permet pas d’avancer, c’est clair
d’ailleurs tu te dis que c’est même le contraire
elles sont bien rabougries tes illusions d’hier
elles se sont évanouies et tu restes le cul par terre
le fleuve s’est tari ça c’est passé en un éclair
maintenant mon petit gronde le tonnerre
t’as bien perdu le fil de tes années claires


Ça sert à quoi l’ennui si c’est pour rien n’en faire
pas besoin d’agonie sauf pour la parfaire
le temps te sourit, dis pas le contraire
les aiguilles qui filent cousent un nouveau vers
prends ton carnet mon ami, et pas de travers
ton stylo aussi, remets l’endroit à l’envers
remue tes envies, tourne la cuillère
dans la marmite vernie, remets le couvert
aux braises rougies de ton esprit si fier
rallume la bougie, donne nous la lumière
poète maudit, troubadour ou trouvère
ta voix d’aujourd’hui c’était ta voie d’hier