Comme un enfant un peu naïf fier de sa trouvaille
voilà longtemps qu’au pays des vers j’ai signé un bail
partager ce qui remue le fond de mes entrailles
la plume rougie du sang des veines qu’elle entaille
rougie de devoir prier la pudeur qu’elle s’en aille
pour qu’au détour de mes quatrains elle dise bye-bye
noircir les lignes du papier c’est livrer bataille
mais au fond c’est surtout l’occasion de retrouvailles
comme un ancien tricot dont on reprend enfin les mailles
oser se recouvrer sans que le doute n’assaille
et versifier ses sentiments dans les moindres détails
en donnant toute sa force en avouant ses failles
se livrer parfois sans fard bien que l’on en tressaille
sans espérer une récolte de ses semailles
continuer à planter pourtant vaille que vaille
sans trahir, sans que jamais la plume ne défaille
de mon jardin secret j’ôte ainsi quelques broussailles
que j’enroule dans du papier quand s’ouvre le portail
et que j’éclaire de mots colorés comme du vitrail
pour que le jour mute mes fleurs oubliées en émail
le poème achevé, une fois fini ce travail
je le laisse d’échapper comme l’air de l’éventail
souhaitant qu’il puisse rencontrer des yeux qui s’entrebâillent
et peut-être même une âme dont il ouvrira un vantail
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