Les semaines s’étirent tranquilles
Et tout doucement s’écoulent les jours
Telle la porcelaine fragile
Posée sur une étoffe de velours
Calé dans son fauteuil docile
Il regarde à peine aux alentours
Ne compte plus les ans qui défilent
Tant il croit être là depuis toujours
Il disait souvent que mourir n’est rien
Et que c’est de vieillir qui l’inquiète
Mais ça c’était avant tu le sais bien
C’est quand il avait toute sa tête
Maintenant le feu sacré s’est éteint
Plus trop de pensées sous sa casquette
Et au fond il ainsi est plus serein
De pas voir où finit sa retraite
Ses journées s’étalent toutes sans but
Regard dans le vide, quelle chute
Plus de lumière, plus d’étincelle
Et plus d’ascension pour sa nacelle
Collé dans son bien triste fauteuil
De sa vie il paraît déjà en deuil
La vue depuis son lieu de retraite
Le cimetière dans sa fenêtre
Il disait souvent que mourir n’est rien
Et que c’est de vieillir qui l’inquiète
Mais ça c’était avant tu le sais bien
C’est quand il avait toute sa tête
Maintenant le feu sacré s’est éteint
Plus trop de pensées sous sa casquette
Et au fond il ainsi est plus serein
De pas voir où finit sa retraite
Comme un prélude à son trépas
Sa vie n’est rythmée que par les repas
Plus de passion et plus d’existence
Ce n’est pas les journées où l’on danse
Où l’on fait venir un accordéon
Où quelques mémés rient sous les flonflons
Qui vont dissiper le grand malaise
Ici personne n’est à l’aise
Il disait souvent que mourir n’est rien
Et que c’est de vieillir qui l’inquiète
Mais ça c’était avant tu le sais bien
C’est quand il avait toute sa tête
Maintenant le feu sacré s’est éteint
Plus trop de pensées sous sa casquette
Et au fond il ainsi est plus serein
De pas voir où finit sa retraite
Le fier gaillard s’est bien évanoui
Un vieillard à sa place c’est inouï
Entassé ici avec tous ses pairs
A croire que pour ne pas nous déplaire
On met tous ensemble les petits vieux
Si possible le plus loin de nos yeux
On vient les voir si on fait le détour
Demain ce sera pourtant ton tour
Cette idée ne t’effleure même pas
Tu entends simplement sa belle voix …
Qui disait souvent que mourir n’est rien
Et que c’est de vieillir qui l’inquiète
Mais ça c’était avant tu le sais bien
C’est quand il avait toute sa tête
Maintenant le feu sacré s’est éteint
Plus trop de pensées sous sa casquette
Et au fond il ainsi est plus serein
De pas voir où finit sa retraite
David Russier
vieillesse, naufrage, sagesse et tu parviens à y voir une certaine beauté paradoxale...