Espérant donner à leur vie un peu de valeur
Certains s’exposent dans de riches demeures
Jardins trop bien dessinés, trop chargés de fleurs,
Portes du salon ouvertes sur l’extérieur
Les parquets et marbres, tapis venus d’ailleurs
Meubles de prix agencés, pour l’œil aucun heurt
Statuettes alignées sans âme ni chaleur
Que raconte-t-il au fond ces milieux trompeurs ?
Que ces lieux si magnifiques et enjôleurs
N’arrivent pas à cacher le vide intérieur
De ceux qui croient y vivre leurs belles heures
Dans cet étalage factice sans humeur
Je n’ai jamais eu envie de vivre en seigneur
D’aligner des reliures de cuir sans saveur
Dans ma bibliothèque le bordel-bonheur
Reflète ce que j’aime sans fard ni pudeur
Sur l’étagère à côté, des blockbusters
Côtoient des films indépendants et d’auteurs
Les DVD dessinent des tours en hauteur
Ce n’est peut être pas beau mais ça a du cœur
Pas besoin d’exposer sa supposée grandeur
Pour exister en société avec ferveur
Comme si du jugement d’autrui l’on avait peur ;
Alors on s’expose dans de riches demeures
Pourtant point n’est besoin de maison de seigneur
D’allées de gravier à l’éclatante blancheur ...
… Il suffit de bâtir son palais intérieur
Et de l’ouvrir à ceux qu’on aime avec chaleur
Palais intérieur en écho à celui du Facteur ?