Quand le courage fuit la dénomination
Que les mots ne traduisent plus nos ambitions
Que l’on prend à présent des circonvolutions
Pour mal nommer les choses, quelle désertion
La langue est devenue instrument d’oppression
Quand elle martyrise le réel à profusion
Refusant de donner la qualification
En tentant de travestir les situations
L’aveugle voit-il mieux quand il est « non-voyant »
Le réfugié est-il un dangereux « migrant »
« Sans domicile fixe » c’est vraiment navrant
D’appeler ainsi quelqu’un sans appartement
L’handicapé va-t-il devenir un « non-marchant »
Et peut-être l’imbécile un « non-pensant »
Trouvailles linguistiques valant leur pesant
De ridicule assumé, de mots affligeants
Quand le sens des paroles s’émousse
Les noms se transforment en pudiques housses
Cachant les réalités dans une mousse
Sans qu’à leur évocation personne ne tousse
Ce n’est pourtant pas en les défigurant tous
Qu’on atténue les maux, qu’on rend la vie douce
Avec Occam, Eco concluons sans frousse
Que hélas oui « nomina nuda tenemus
Toujours une écriture très exigeante ! Et les citations latines pertinentes....la barre est haute...