Je rêve d’un lieu serein tapissé de bruyères
Comme là où les callunes couvrent le Mont Lozère
D’un endroit retiré à l’abri du lacis routier
À la senteur de fougère et de genévrier
D’une lande caressée par un vent vivifiant
Où mêmes les ondées prennent un sens purifiant
D’un tapis végétal où se prend parfois la lune
Se mirant dans les flaques de façon opportune
Je rêve d’un beau coin à l’abri de tous les regards
Sauf de ceux de quelques rares cerfs ou bien des renards
D’un pré enfiévré par l’odeur des sapins tous voisins
D’un paysage tendu comme les traits d’un fusain
Je rêve du Méjean, de cette île en plein ciel
Des chemins qui se perdent sur ce causse essentiel
De ses terres magiques à la beauté indicible
Où s’ouvre la voie du rêve de tous les possibles
Je rêve d’une lagune désertée par l’homme
Avec sur ses eaux si peu d’embarcations en somme
Moins que sur l’île de San Francesco del Deserto
Je rêve de nature comme d’un espéranto
D’un tableau à la déclinaison de vert infinie
S’offrant sans plus de retenue comme une symphonie
J’en rêve si souvent et parfois je les découvre
Ces havres de nature qui valent tous les Louvre
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