LES JOURS HEUREUX

Matin pluvieux, matin grincheux, affreux matin peureux,

main dans la main, main dans la gueule, main dans les cheveux

demain sans lendemain de moins en moins demain précieux

mais où sont donc passés, où sont partis nos jours heureux

envolés, tombés de la table nos jours affables

qui s’égrènent et qui se perdent comme le sable

nostalgie convoquée au souvenir détestable

à se demander s’ils n’étaient pas juste une fable

nos jours heureux l’étaient vraiment sous de plus jeunes cieux

nos jours heureux l’été revenu dans un grand ciel bleu

aujourd’hui bleus à l’âme sous la lame des fâcheux

qu’est-on devenu, est-on déjà devenu si vieux

nos jours heureux mais le temps passe irrémédiable

sous le regard qui s’accable des dieux comme des diables

bonheurs passés mais nos souvenirs sont-ils si fiables

dans nos mémoires sont-ils vraiment si identifiables

aujourd’hui où les gens chanceux ne font que des envieux

c’est facile de croire qu’hier c’était forcément mieux

car la mélancolie est un piège des plus vicieux

y plonger c’est parfois s’y enfermer : l’espoir adieu !

Alors ensemble dans le confort dressons la table

et convions autour des lendemains plus confortables

laissons à son sort le passé pas aussi enviable

et dessinons les contours d’un bonheur qui soit viable