Les trotteuses des montres s’affolent,
Toutes les aiguilles batifolent.
Le temps passe trop vite nous prenant en défaut
On t’a dit « la vie c’est long » et c’est faux
Quoi de plus futile qu’une vie humaine
A peine donnée ils te la reprennent
Et d’ailleurs qui sont « ils », existent-ils ?
Le temps de ta vie c’est celui d’un exil,
D’une bien courte sortie du néant …
Il y a bien longtemps maintenant
Ou peut-être était-ce juste hier
Tu la voyais ta vie en très-très grand
Avant de rejoindre le cimetière
Tu sais à présent que c’est traître et grand :
Plus les ans filent, plus ta vie se défile,
Plus les ans passent, plus ta vie trépasse.
Gamin, tes jours s’étalaient en langueur
Allongé dans l’été, dans la torpeur
A l’école jamais les jours ne finissent
Dès la rentrée le temps n’est plus complice
Tout doucement les heures s’égrènent
Ton regard se perd loin sur les grandes plaines
Tu es tellement pressé que ça passe
Et tout avance comme une limace
A présent t’as le regret du temps lent …
Il y a bien longtemps maintenant
Ou peut-être était-ce juste hier
Tu la voyais ta vie en très-très grand
Avant de rejoindre le cimetière
Tu sais à présent que c’est traître et grand :
Plus les ans filent, plus ta vie se défile,
Plus les ans passent, plus ta vie trépasse.
C’est soudain et parfois ça t’oppresse
Quand tu es parent le temps se compresse
Comme l’air dans le canon d’un fusil,
Une bull’ échappée du jacuzzi
Tu te surprends à regarder en arrière
Mais tu ne peux plus franchir la barrière
Et dans la lumière tamisée d’un soir
Tu dis à ta jeunesse au revoir
Ce qui s’étirait te pousse en avant …
Il y a bien longtemps maintenant
Ou peut-être était-ce juste hier
Tu la voyais ta vie en très-très grand
Avant de rejoindre le cimetière
Tu sais à présent que c’est traître et grand :
Plus les ans filent, plus ta vie se défile,
Plus les ans passent, plus ta vie trépasse.
La vie c’est gai, c’est triste, c’est trop court,
Tu vis, tu pleures et tu connais l’amour,
Les grandes joies et les petites peines
Détresse et petits bonheurs s’enchaînent.
Un jour tu sais que c’est presque fini
Tu comptes surtout tes amis partis ;
Un doux baiser pour tes petits-enfants
Et dans leur regard tu es important.
Et pourtant tu sais que le temps t’attend …
Il y a bien longtemps maintenant
Ou peut-être était-ce juste hier
Tu la voyais ta vie en très-très grand
Avant de rejoindre le cimetière
Tu sais à présent que c’est traître et grand :
Plus les ans filent, plus ta vie se défile,
Plus les ans passent, plus ta vie trépasse.
David Russier
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