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davidrussier

LE MARIN EN BOÎTE



L’air est difficilement respirable ici-bas

Il ne fait que penser au travail qu’il abat

Pour reprendre des forces, souvent il lève les yeux

Il se cherche un beau petit coin de ciel bien radieux


Quand son regard s’est perdu dans l’azur depuis longtemps

Son esprit s’évade pour vagabonder dans le vent

Il met tant d’application dans sa douce rêverie

Qu’il oublie qu’il travaille là dans la conserverie



À emballer des sardines il se casse les reins

Ce n’est pas grave s’il n’a pas pu devenir marin

Car chaque soir sous les toits depuis son appartement

Quelle vue sur Belle-Île et sur le bel océan



La nuit quand il laisse sa fenêtre grand-ouverte

C’est comme s’il dormait dans un bon lit d’algues vertes

Le doux chant des vagues le berce délicatement

La sirène du ferry le réveillera à temps


Un bol de café noir avalé sur la terrasse

Devant le soleil naissant des goélands qui passent

Et d’un coup de vélo à son travail il arrive

Et son cœur s’en est déjà allé à la dérive



À emballer des sardines il se casse les reins

Ce n’est pas grave s’il n’a pas pu devenir marin

Car chaque soir sous les toits depuis son appartement

Quelle vue sur Belle-Île et sur le bel océan



Les chalutiers ont amené leur si précieux butin

La pêche du jour, tous les poissons frais de ce matin

Comme si la corne d’abondance de l’océan

Se déversait dans la conserverie directement


Il les prépare, il les frit, puis il les emballe

Faut bien gagner sa vie, quelques centaines de balles

Pour aller le soir avec les potes face à la mer

Au bout de la jetée se jeter quelques bières



À emballer des sardines il se casse les reins

Ce n’est pas grave s’il n’a pas pu devenir marin

Car chaque soir sous les toits depuis son appartement

Quelle vue sur Belle-Île et sur le bel océan


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