À l’âge où le soleil à peine ne frise
de sa clarté les rares nuages montants
les visages derrière les pare-brises
ne se ménagent pas pour dire leurs sentiments
moi, le seul piéton de passage, je vise
dans les vitrages les reflets d’or et d’argent
d’un œil sage pour deviner à ma guise
les corsages ou bien les sourires plaisants
mais pourtant les seules images qui se figent
grâce au cadrage de mon œil exigeant
photos des pages d’un album qui livre
un partage loin d’être le plus reluisant
ce captage patient auquel je me livre
fait que je ne dévisage le plus souvent
dans ce tournage de scènes peu inventives
des têtes sauvages, c’est si peu engageant
mines de rage quand le flux se mitige
à cause d’un barrage routier juste devant
« on est pris en otage » hurlent les ֞convives֞
exagérant leurs freinages les plus grinçants
l’action de curetage du nez plus vive
que le décollage du premier armement
ultime outrage dans le rétro qui vibre
à cause de ce ravage si dégoûtant
trouver le meilleur des couplages au plus vite
quand enfin cet embouteillage se détend
c’est la rapidité d’embrayage qui clive
entre les lents personnages et les fous du volant
au premier virage, qui freine mérite
un bien lourd tapage de klaxons incessants
dans le voyage le premier qui hésite
comme le veut l’usage devient agaçant
resté à l’ombrage des arbres qui survivent
dans ce pèlerinage de voitures incessant
c’est sans dommage que mon œil change de rive
pour voir des paysages bien plus attrayants
davidrussier
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