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davidrussier

LA PROMENADE DU DIMANCHE


La vie se traîne, la vie est dure

Il peine à soulever ses chaussures

Mais il avance courageux et fier

Toujours au boulot aujourd’hui comme hier

Et il brave ainsi la lassitude

Rien ne trahit dans son attitude

Cette impression qui le taraude

Cette déception qui s’échafaude

Sous son chapeau des idées d’évasion

Dans son esprit des rêves à profusion

Si l’on sait ce qu’il a sous son manteau …

Des îles, des ports, Corto, des bateaux

Il a échoué sur un trottoir gris

Qui le conduit si loin de ses envies


Parfois sur lui le destin se penche

C’est la promenade du dimanche

Il sent le vent dans sa chevelure

Il communie avec la nature

L’oiseau qui file sur le bleu azur

Ses poumons enfin remplis d’air pur

Là il se sent enfin à son aise

Il rêve qu’il est Corto Maltese

Mais déjà derrière les collines

Voilà que la lumière décline

Demain retour de la grise mine




Sa vie il ne la voyait pas ainsi

Il est dans « Brazil », la bureaucratie

Et dès qu’il se sent pousser des ailes

On remet du plomb à ses semelles

Qu’on ne lui raconte pas d’histoire

Il est l’espadon dans la baignoire

Le fameux Bagad de Lann-Bihoué

Il ferait mieux de vite l’oublier

Maintenant qu’il est devenu « Monsieur »

A présent c’est un garçon bien sérieux

Sa nostalgie et ses frivolités

Ce n’est pas vraiment en conformité

Avec tout ce que l’on attend de lui

Et soudain voilà un espoir qui luit



C’est la promenade du dimanche

Le voilà redevenu comanche

Il court au cœur des très grands espaces

Il se moque bien du temps qui passe

Comme un indien près de la nature

Une plume dans sa chevelure

Et un méchant qu’il faut qu’il dessoude

Aussi vivifiant qu’un Clint Eastwood

Soudain les nuages s’amoncellent

Signe de retour à sa ruelle

Demain retour à une vie sans sel


David Russier

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