La vie se traîne, la vie est dure
Il peine à soulever ses chaussures
Mais il avance courageux et fier
Toujours au boulot aujourd’hui comme hier
Et il brave ainsi la lassitude
Rien ne trahit dans son attitude
Cette impression qui le taraude
Cette déception qui s’échafaude
Sous son chapeau des idées d’évasion
Dans son esprit des rêves à profusion
Si l’on sait ce qu’il a sous son manteau …
Des îles, des ports, Corto, des bateaux
Il a échoué sur un trottoir gris
Qui le conduit si loin de ses envies
Parfois sur lui le destin se penche
C’est la promenade du dimanche
Il sent le vent dans sa chevelure
Il communie avec la nature
L’oiseau qui file sur le bleu azur
Ses poumons enfin remplis d’air pur
Là il se sent enfin à son aise
Il rêve qu’il est Corto Maltese
Mais déjà derrière les collines
Voilà que la lumière décline
Demain retour de la grise mine
Sa vie il ne la voyait pas ainsi
Il est dans « Brazil », la bureaucratie
Et dès qu’il se sent pousser des ailes
On remet du plomb à ses semelles
Qu’on ne lui raconte pas d’histoire
Il est l’espadon dans la baignoire
Le fameux Bagad de Lann-Bihoué
Il ferait mieux de vite l’oublier
Maintenant qu’il est devenu « Monsieur »
A présent c’est un garçon bien sérieux
Sa nostalgie et ses frivolités
Ce n’est pas vraiment en conformité
Avec tout ce que l’on attend de lui
Et soudain voilà un espoir qui luit
C’est la promenade du dimanche
Le voilà redevenu comanche
Il court au cœur des très grands espaces
Il se moque bien du temps qui passe
Comme un indien près de la nature
Une plume dans sa chevelure
Et un méchant qu’il faut qu’il dessoude
Aussi vivifiant qu’un Clint Eastwood
Soudain les nuages s’amoncellent
Signe de retour à sa ruelle
Demain retour à une vie sans sel
David Russier
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