La nuit couvre de son drap noir tout le ciel et soudain
Plus aucune clarté ne demeure dans le jardin
Excepté la faible lueur des néons citadins
Qui filtre jusqu’ici depuis un lieu plus mondain
À la fenêtre du bas on devine à peine
La flamme d’une bougie qui danse dans l’ébène
Comme le témoignage d’une vie incertaine
Qui prospère ici entre mousses et lichens
Une bien faible clarté rougeâtre à l’étage
Qui peine à embraser le dessous du faîtage
Que l’on a du mal à distinguer depuis la plage
C’est sûr qu’on a tiré l’épais rideau du voilage
Le soir timide de mars s’installe sur la baie
Pas encore les soirs d’été terrasse-sorbet
Un calme irréel comme si le son se courbait
Comme si la foule à l’invite se dérobait
C’est une nuit hors saison banale et tranquille
Qui enveloppe doucement la petite ville
Dans le noir les maisons semblent faites en argile
Depuis l’océan tout paraît tellement fragile
Loin les souvenirs des folles fêtes estivales
Loin, loin, le temps du bel été et de ses festivals
Dans le calme de fin d’hiver il n’est pas de rival
Pas plus que de jupe de fille ou de queue de cheval
Les fenêtres sont fermées, les volets sont tous clos
Comme si les moutons avaient déserté leur enclos
Et pour parachever ce bien nostalgique tableau
Les boites aux lettres qui débordent crient au complot
Sous des bâches vertes toutes les chaises sont rangées
Le café est fermé et y a personne à déranger
Morne et délavé univers salin étranger
Où la lumière n’est que triste quinquet orangé
L’océan ne sait pas que c’est la mauvaise saison
Il continue de gronder si fort avec déraison
Le grand vent d’hiver ne souffre pas la comparaison
Avec celui de l’été et de ses exhalaisons
C’est une nuit hors saison banale et tranquille
Qui enveloppe doucement la petite ville
Dans le noir les maisons semblent faites en argile
Depuis l’océan tout paraît tellement fragile
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