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davidrussier

GRAIN DE SABLE


Tu files devant quand t’en as plein les basques

T’es tellement fier de toi avec ton casque

Quand le silence tombe dans ton sillage

C’est que t’as déjà fait un bout de voyage

Que tu as fui loin de ta vie, de tes ennuis

Car tu te sens bien sur ta moto dans la nuit


Et qu’importe ce que tu laisses derrière

Si bientôt s’assèchent les yeux de ta mère

Elle a tellement versé de larmes pour toi

Sans que jamais tu manifestes ton émoi

Tu sentais trop l’appel du vent dans ta tête

Pour que ce genre de chose ne t’arrête




Pas vraiment la classe, la classe moyenne

Elle se tue au boulot toute la semaine

Dans l’espoir d’un petit week-end ensoleillé

D’un petit moment de répit pour oublier

Que tout revient un lundi interminable

Dans le sablier passent les grains de sable



Zones commerciales, pavillons de banlieues,

Ces endroits où précocement on devient vieux

Du plus profond que tu peux tu les rejettes

Ces coins où les gens ne voient pas qu’ils végètent

Caristes dans un entrepôt de stockage

Ou bien cadres moyens qui cachent leur âge


Qu’importe ce sont les mêmes destins gâchés

Dévotion au job, instants de vie hachées

Tout ça pour avoir une maison, un jardin

Un carré de pelouse où trône un nain !

Une salle à manger pour recevoir ses enfants

Qui le dimanche partent vite en soufflant


Pas vraiment la classe, la classe moyenne

Elle se tue au boulot toute la semaine

Dans l’espoir d’un petit week-end ensoleillé

D’un petit moment de répit pour oublier

Que tout revient un lundi interminable

Le sablier commence à perdre le sable



Toi tu n’en veux pas de cette existence

A comptabiliser tes jours de vacances

A quémander des espaces de liberté

C’est toi même qui les conquiert avec fierté

Derrière ton guidon jamais rien ne te freine

Même si à tes vieux tu fais de la peine


Tu les as vu s’épanouir puis se faner

Et pour ça il n’y a personne à blâmer

Tu préfères passer pour l’enfant volage

Plutôt que de finir comme l’oiseau en cage

Sécurité d’emploi et autres conneries

Si on n’a pas envie de pleurer, qu’est ce qu’on rit



Pas vraiment la classe, la classe moyenne

Elle se tue au boulot toute la semaine

Dans l’espoir d’un petit week-end ensoleillé

D’un petit moment de répit pour oublier

Que tout revient un lundi interminable

Le sablier cassé soudain sur la table


Il ne reste plus que quelques grains de sable




David Russier

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