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  • davidrussier

CHAIR PLAISIR



Écrire sur l’amour en omettant de parler chair

Comme si l’on pouvait laisser ce sujet en jachère

Un défi de l’aborder sans sombrer dans le grivois

Tant les mots sont bien plus puissants que la chose qu’on voit


S’il en est des trésors de langage érotique

Il suffit de se connaître au sens biblique

Deux corps nus à eux seuls disent les plaisirs du monde

Depuis que Terre est ronde et pensée féconde



Mais que dire alors de la « moniche » de Baffo

Evoquée si souvent dans des vers sans aucun défaut

Et il s’en est trouvé des critiques d’estaminet

Pour dénicher de l’obscène là où n’est que sonnet


Fourreau idoine pour accomplir la chose légère

Le « bijou rose et noir » si cher à Baudelaire1

Le beau sexe devant lequel le peintre se courbait

Pendant que de la grotte d’Ornans la source sourdait



Et si ne se dresse plus la colonne Vendôme

Cela n’empêche pas d’apprécier les jolis dômes

Voilà que ces derniers vers à eux seuls démontrent

Qu’il vaut mieux suggérer plutôt que l’on ne montre



Quand on laisse vagabonder son interprétation

Le sens qu’on donne aux choses est souvent trahison

A trop vouloir chercher de signifiants on s’égare

Comme le pauvre voyageur sur le quai de la gare



« Je sais que l’amant passionné du beau style s’expose à la haine des multitudes. Mais aucun respect humain, aucune fausse pudeur, aucune coalition, aucun suffrage universel ne me contraindront à parler le patois incomparable de ce siècle, ni à confondre l’encre avec la vertu 2»






1- Extrait de la stance à Lola de Valence issue des « Galanteries » des « Fleurs du Mal » dans laquelle Baudelaire n’a précisément jamais voulu évoquer le sexe féminin par ces termes souvent interprétés en un contresens majeur.


2- Projet de préface pour « Les Fleurs du Mal » rédigé par Charles Baudelaire.

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