ARABESQUES

Les nœuds sur les lambris dessinent d’étranges formes

De bien curieux petits pantins, des êtres difformes

Des visages aux drôles de proportions non conformes

Que la lumière décompose et retransforme

Un masque de médecin vénitien de la peste

Dont le long bec dépasse de sa cape modeste

Semble regarder le visage d’extraterrestre

Qui lui fait face de manière un peu funeste

Le cri de Munch sur ce bois pourtant pas norvégien

D’une rizière dépasse un chapeau cambodgien

Plus loin un grand fantôme fait peur à un collégien

Là bas un révolutionnaire au bonnet phrygien

Un drôle de ver est en train de se contorsionner

Un chien ouvre une gueule disproportionnée

Pour avaler un oiseau visiblement passionné

Sous le regard fatigué de deux yeux contusionnés

Une langue toute gonflée vraiment démesurée

S’étire longuement d’une manière assurée

Pour essayer d’aller attraper une araignée

Une Chapelle Sixtine de curieuse lignée

C’est une bien drôle de frise carnavalesque

Où le plus inquiétant le dispute au burlesque

Sur le plafond de lambris une étrange fresque

Où la Nature a peint ses curieuses arabesques

Là dans ma chambre d’enfant cet univers dantesque

Au plafond de ma chambre une bien belle fresque